El Infierno Musical - A tribute to Alejandra Panzarnik (Mikroton, 2011)
Encore plus surprenant que le duo Davies/Wastell: le dernier projet de
Christof Kurzmann, El Infierno Musical, hommage à la grande poète
argentine, Alejandra Pizarnik. Le groupe est composé de Kurzmann à la
voix, électronique (et saxophone alto puis guitare électrique sur deux
pistes), Ken Vandermark au saxophone ténor, à la clarinette et à la
clarinette basse, Eva Reiter à la viole de Gambe, Clayton Thomas à la
contrebasse et Martin Brandlmayr à la batterie et au vibraphone. Chacun
de ces musiciens est célèbre dans les milieux du free jazz et du
réductionnisme, mais El Infierno Musical, contre toute attente, est un
recueil de chansons tirées de l’œuvre éponyme de Pizarnik.
Évidemment, c'est plutôt déroutant au départ: Kurzmann scande des
poèmes, les rythmiques sont discrètes, simples et précises, les solos de
Vandermark sont très lyriques et mélodieux, la basse retrouve sa
fonction harmonique et accompagnatrice, etc. A considérer cette suite
comme une œuvre expérimentale, on ne peut que difficilement
s'enthousiasmer, car Kurzmann utilise dans son écriture des langages
connus de tous, plus qu'un pied de nez à l'improvisation
non-idiomatique. Cependant, il faut considérer, il me semble, EIM comme
une suite de chanson avant tout, et c'est à partir de ce point de vue
que leur intérêt peut apparaître. Extérieurement à la musique, c'est
déjà plus que surprenant d'entendre la plupart de ces musiciens
interpréter des chansons, c'en est même presque ahurissant tellement on
était habitué à autre chose. Quant à la musique, en-dehors de la voix de
Kurzmann que je n'apprécie pas particulièrement, ça m'a paru très
rafraichissant d'utiliser des techniques de jeux et d'écritures propres
aux musiques improvisées (jazz, réductionnisme, free jazz) comme des
improvisations collectives, des chorus où chaque instrument peut quitter
sa fonction traditionnelle, aux musiques improvisées mais également à
certaines musiques populaires (chanson, rock) comme des mesures en 4/4,
des ostinatos, etc. Un grand coup de frais pour la chanson, mais surtout
un pari très risqué pour ce type de musiciens qui n'arrivera pas
forcément à convaincre leurs admirateurs habituels. En tout cas,
l'accompagnement musical est simple, sobre, humble mais effectué avec
précision, attention et sérieux, tandis que les séquences plus
improvisées sont interprétées avec personnalité et chaleur.
Pour ce premier vinyle sur le label Mikroton (également disponible en
CD), Kurzmann a su produire une musique très surprenante, et innovante,
en revenant paradoxalement à une musique traditionnelle. Je ne pense pas
que Panzarnik ait connu le free jazz, ni si elle était amatrice de
musiques improvisées au sens large, donc au premier abord, ça me paraît
judicieux de lui rendre hommage sous la forme de chansons tout en
utilisant des techniques personnelles et créatives. Un album osé, franc,
et aventureux - à sa manière - si simple, chaleureux et honnête qu'il
pourrait paraître provocant... A l'image du collage influencé par Bosch
qui orne la pochette: une curiosité!
Tracklist: 1-El infierno musical / 2-Ashes I / 3-Dianas tree / 4-Para Janis Joplin / 5-Cold in hand blues / 6-Ashes II
Dienstag, 10. Juli 2012
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